Excellence Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Je tiens à remercier Son Excellence, le Doyen du Corps Diplomatique, pour ses considérations et pour les vœux très appréciés qu'il a bien voulu adresser, au nom de tout le Corps Diplomatique accrédité auprès du Quirinal, à l'Italie et à mon intention personnelle.
Laissez-moi aussi Vous présenter, à mon tour, mes meilleurs vœux, en Vous priant de les transmettre à l'ensemble du Corps Diplomatique qui, aujourd'hui, ne peut hélas nous suivre que de loin, compte tenu de la situation toute particulière dans laquelle nous nous trouvons tous.
Pour ma part, j'espère que les signes d'espoir qui se manifestent sur le front des vaccins pourront bientôt nous permettre de surmonter les difficultés qui existent actuellement, afin que l'on puisse recommencer à se réunir en présentiel.
Aussi, avec encore plus de proximité vu les circonstances, je tiens à formuler aux États et aux Peuples que Vous représentez, mes vœux les plus chaleureux pour les festivités à venir et pour l'année qui est sur le point de commencer.
L'année qui s'achève, profondément et dramatiquement marquée par la pandémie, nous impose à tous de sérieuses réflexions.
La propagation de la Covid-19 a montré que les défis ne peuvent être circonscrits dans une seule partie du monde et que, par conséquent, ils nous concernent tous; ils nous enjoignent de ne pas nous refermer sur nous-mêmes, de ne pas détourner illusoirement notre regard.
Les épreuves si pénibles que nous endurons nous poussent, avec une force accrue, à exiger une coopération internationale sans réserve, conséquence directe d'un monde de plus en plus interconnecté. Les défis globaux doivent être relevés par une « gouvernance » véritablement globale.
Le thème de la lutte pour la santé des populations et de l'environnement appartient, à juste titre, à cette catégorie.
Désormais, un impératif commun est, avant tout, d'endiguer toutes les conséquences de la pandémie, non seulement sur le plan sanitaire, mais aussi par devoir de solidarité et dans un souci de sécurité commune, sans oublier la nécessité d'assurer l'accès de toutes les populations aux initiatives concernant l'immunisation.
Les inégalités ont considérablement augmenté, les tensions risquent de s'accroître, les règles régissant la coexistence pacifique ont trop souvent tendance à être violées.
La communauté internationale se doit d'être plus compacte et plus solidaire.
Nous ne pouvons pas permettre que la volatilité devienne une composante structurelle du système des relations internationales.
Nous le devons, entre autres, aux millions de citoyens du monde entier frappés par la Covid-19.
Nous le devons au futur de cette planète car, comme l'année qui vient de s'écouler nous l'a montré, soit l'avenir est pour tout le monde, soit il n'est pour personne.
La diffusion et la distribution du vaccin - et des meilleurs traitements que la science met au point - requièrent des alliances mondiales, loin de tout égoïsme; elles exigent des politiques qui garantissent un accès équitable et rapide aux médicaments, fondé sur le partage et non sur une logique de profit.
Conformément à cette vision, l'Italie a été parmi les principaux promoteurs de la réponse multilatérale à la pandémie, en contribuant même financièrement à la Covax Facility, qui assurera une diffusion massive de la vaccination, y compris auprès des citoyens des Pays à revenu moyen et bas.
La recherche scientifique et les avancées technologiques extraordinaires permettent de continuer à envisager avec optimisme un avenir riche en opportunités pour le bénéfice de tous, pour autant que nous cultivions un sentiment commun de responsabilité.
Excellence Monsieur le Doyen,
Tout d'abord, mes pensées ne peuvent que se porter sur la Méditerranée, une région que bien des peuples considèrent comme étant leur chez-soi. Il s'agit néanmoins d'une région qui, au cours de la dernière décennie, est progressivement devenue le théâtre de crises dramatiques.
La question de la Libye, ainsi que d'autres situations de conflit - souvent même tragiquement mises de côté - non seulement produisent un douloureux cortège de deuils et de souffrances humaines, mais font se multiplier les menaces transnationales, le terrorisme, la radicalisation.
Il est nécessaire d'intervenir sur les racines profondes qui alimentent ces phénomènes. Aux côtés des mesures de lutte, il y a lieu d'agir pour stimuler la croissance et le développement selon une approche inclusive et durable, en commençant par des investissements appropriés dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la culture et de la jeunesse.
Ces défis sont communs à de nombreuses régions du monde et, pour y faire face, il n'y a pas d'autre choix que de relancer le multilatéralisme malgré les résistances qui, sous couvert du regain de vieux slogans nationalistes, sont inévitablement la cause de tensions, de crises et de pauvretés.
Les relations internationales ne peuvent être fondées que sur le partage des responsabilités, sur la transparence, sur la centralité de la personne et des droits de l'homme, et l'Italie, avec les valeurs de liberté, de démocratie et de paix qui caractérisent sa Constitution, entend y contribuer.
Dans le cas contraire, le multilatéralisme risquerait de se réduire à une simple technique de négociation utile, parfois, pour apaiser les tensions, mais certainement pas pour orienter des choix de valeur solides.
La République italienne, dans l'année qui nous attend, a l'extraordinaire opportunité de jouer un rôle de premier plan par le biais de la Présidence du G20 et de la co-présidence de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques COP26.
Les trois dimensions clés que l'Italie a décidé de placer au centre du débat sont : la personne, la planète et la relance économique (people, planet, prosperity).
L'objectif est de relier ces trois piliers entre eux pour surmonter, tout d'abord, la situation sanitaire dramatique que traverse la planète toute entière.
En deuxième lieu, panser les plaies causées au tissu social, en apportant des solutions à une crise économique sans précédent. Enfin, et surtout, jeter les bases du monde de demain, dans lequel la gestion moderne et durable de l'environnement occupe une place centrale, si nous voulons que les générations futures puissent encore disposer de la même planète, riche en ressources et en merveilles naturelles, dont nous avons pu profiter.
Voilà autant de responsabilités qui ne peuvent plus être reportées dans un monde qui montre toute sa vulnérabilité économique, sanitaire, alimentaire et environnementale, avec des conséquences dramatiques pour les êtres humains, à commencer par la tragédie des migrations par nécessité.
Aucun Pays, à lui seul, ne s'est montré à même de proposer des réponses efficaces aux crises.
Il nous faut une action décisive et coordonnée, menée par tous les principaux acteurs de la scène internationale, là où l'Europe peut être un acteur qualifié tirant parti de la complémentarité naturelle qui existe entre les deux rives de l'Atlantique, ainsi que d'une relation avec l'Afrique de plus en plus élaborée et réfléchie.
Excellence Monsieur le Doyen,
L'Union européenne a fait preuve d'une vigueur renouvelée face aux difficultés, en lançant une action de grande envergure dans des domaines jusque là réservés à la compétence exclusive des Pays membres, tels que la santé publique.
Par ailleurs, en matière de changements climatiques - pour lesquels nous constatons des signes encourageants de retour de protagonistes importants - au fil de ces dernières semaines, l'Union européenne a su jouer un rôle moteur en se fixant comme objectif de réduire les émissions de 55% d'ici 2030, en vue de la neutralité d'ici 2050.
L'Italie accueillera le Sommet mondial de la santé dans le cadre de la Présidence du G20. Une opportunité unique de lancer un message de cohésion, d'unité et de collaboration concrète.
Excellence Monsieur le Doyen du Corps Diplomatique,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
L'aspiration de la plus grande partie de l'humanité, pour l’année 2021, est de pouvoir changer de cap.
Un souhait que les Gouvernements du monde entier doivent pouvoir recueillir, en enrichissant encore davantage le réseau de collaboration internationale.
En effet, au cours de l'année qui s'achève, aux souffrances dramatiques endurées est venue s'ajouter la perception que la pandémie a uni le destin des peuples, qu'elle a rendu encore plus explicites les liens et les équilibres qui animent la planète et l'ensemble de l'humanité.
Il est à espérer que 2021 permettra d'affiner ces attentes et ces intentions et que le monde, enfin libéré de la pandémie, pourra apprécier de plus en plus les avantages de la paix, de la coopération et du respect mutuel entre toutes les nations.