Excellence Mgr le Doyen du Corps diplomatique,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Je tiens à remercier Son Excellence le Nonce apostolique pour ses réflexions et pour les vœux très appréciés qu’il a bien voulu adresser, au nom du Corps diplomatique, à l’Italie et à mon intention personnelle.
C’est avec grand plaisir que je vous accueille à nouveau au Palais du Quirinal pour cet échange des vœux de fin d’année. Ce jour est aussi l'occasion pour prendre congé de vous.
Je tiens à exprimer à chacun d'entre vous et aux citoyens des pays que vous représentez mes vœux les plus chaleureux pour les prochaines fêtes.
En cette fin d'année, les effets de la pandémie ont continué à nous toucher tous, sans distinction, sur tous les continents, montrant au grand jour que les réponses aux défis auxquels nous sommes confrontés transcendent les frontières nationales.
Nos destins, ceux de la planète et de l'humanité tout entière, sont inextricablement liés.
Avec son lot de souffrances pour des millions de nos concitoyens, la pandémie nous a douloureusement rappelé que la coopération et la solidarité internationales ne sont pas seulement des options possibles, mais des exigences décisives.
Il n’est possible de se sauver qu’ensemble.
Cette considération a été évoquée à maintes reprises pendant nos rencontres, bien avant l’éclatement de la pandémie.
La réalité d'aujourd'hui montre que dans tous les domaines des relations internationales, les approches purement nationales n'ont aucune chance de réussir.
Nous faisons face – non sans souffrances mais avec une efficacité croissante - à un danger commun qui plane sur l'humanité et qui a causé du chagrin partout et plongé les économies et les sociétés de tous les continents dans la crise. Il est possible d'y faire face grâce au travail de la communauté scientifique internationale, qui a collaboré de manière ouverte et intégrée par-delà les frontières, en échangeant des connaissances, des expériences et des découvertes.
Cette pandémie fait craindre que d’autres pandémies puissent survenir ; il est donc essentiel que la collaboration scientifique internationale qui se poursuit soit complétée par une ouverture mutuelle à la collaboration des États au sein de la communauté internationale. Dans tous les domaines.
Quel rappel plus convaincant que les graves dangers qui nous guettent pour prôner cette approche ?
Il est nécessaire de relancer, sous toutes les latitudes, la réflexion sur le rôle que joue actuellement le système multilatéral et ses institutions et sur les perspectives de réforme pour le rendre plus efficace.
Pour la République italienne, les pères de notre Constitution ont affirmé la valeur du multilatéralisme.
Un ordre international qui rejette le règlement violent des différends et assure - par la sécurité juridique - la paix, la liberté et le respect des droits de l'homme est le seul dans lequel tous les peuples de la terre peuvent se refléter correctement.
Pour cette raison, et malgré les nombreux problèmes qui ont sapé la coopération au niveau mondial, la promotion du multilatéralisme centré sur les Nations unies reste la priorité de l'Italie.
Nous souhaitons que les Nations unies deviennent une organisation de plus en plus efficace, transparente, représentative et responsable.
Pour cette raison, et parce que nous sommes fermement ancrés dans les valeurs de la démocratie, de la liberté et de la dignité humaine, nous restons engagés dans un échange constructif avec les acteurs mondiaux afin de trouver ensemble des réponses aux demandes les plus pressantes de la communauté internationale.
Une réponse visant à réduire les inégalités et à améliorer les mécanismes de gouvernance mondiale que les Nations unies elles-mêmes tentent d'esquisser, comme en témoigne le « New Global Deal » préconisé par le Secrétaire général Guterres.
En effet, sans un multilatéralisme interconnecté et sensible aux demandes des pays en développement et de tous les acteurs sociaux, nous ne parviendrons pas à résoudre les crises de manière pacifique, ni à protéger efficacement les droits de l'homme ou à générer les opportunités de développement dont nous avons tant besoin sous toutes les latitudes. Nous ne parviendrons pas à léguer une planète habitable aux générations futures.
La gestion partagée - et pacifique - des biens publics mondiaux, qui appartiennent à l'ensemble de l'humanité, ne sera pas garantie.
Les crises actuelles ont généré une augmentation des migrations l'année dernière atteignant, selon les agences des Nations Unies, un niveau de plus de 280 millions d'êtres humains, tandis que le nombre de réfugiés a franchi la barre de 82 millions de personnes pendant la même période.
Il est clair que nous ne pouvons pas fermer les yeux et nous replier sur nous-mêmes ; nous devons plutôt avoir le courage de relever les défis et d'élaborer ensemble des solutions qui correspondent aux engagements que nous avons librement pris au niveau international.
Excellence Mgr le Doyen du Corps diplomatique,
Autorités,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
La santé, un bien si précieux et si immédiatement perceptible par tous les habitants de la planète, est un domaine à partir duquel nous pouvons commencer le voyage vers une action multilatérale productive et juste.
Des différences spectaculaires dans la distribution mondiale des vaccins, dans la disponibilité des traitements et des lits, et même dans la disponibilité de données fiables ont mis en évidence les lacunes de la gouvernance actuelle en matière de santé. Il est donc nécessaire de renforcer l'architecture mondiale de la santé, comme nous l'avons affirmé dans la déclaration de Rome, adoptée en mai dernier à l'issue du sommet mondial de la santé.
Je tiens à rappeler, à cet égard, que l'Italie soutient une approche solidaire et coopérative dans la lutte contre le virus, et que l'Union européenne a renouvelé son engagement à atteindre, dans le cadre du projet Covax, l'objectif de vacciner 70% de la population mondiale d'ici 2022.
Nous devons travailler d’arrache-pied pour respecter les engagements pris lors du sommet du G20 - que l'Italie a eu l'honneur de présider - et accompagner résolument les efforts visant à augmenter les taux de vaccination, en particulier sur le continent africain.
Le changement climatique constitue un deuxième domaine d'action nécessitant des réponses communes et concertées, fruit d'un effort multilatéral ouvert et constructif. Il y va de l'avenir de l'humanité, qui dépend également des enjeux connexes que sont la transition énergétique et technologique, ainsi que la sécurité alimentaire et la protection de la biodiversité.
En 2015, l'année de ma prise de fonction, l'Accord de Paris a été négocié par plus de 190 pays.
Je me souviens qu'avant la COP21, les scénarios les plus pessimistes prévoyaient une hausse de la température mondiale pouvant atteindre six degrés Celsius, avec des conséquences catastrophiques.
L'accord conclu lors de la récente conférence de Glasgow nous donne l'espoir de pouvoir limiter l'augmentation de la température à deux degrés ou, moyennant des efforts supplémentaires, à un degré et demi.
Il est essentiel de maintenir la crédibilité de ce scénario.
Derrière des variations modestes se cachent des implications et des conséquences réelles pour tous, et en particulier pour les plus vulnérables.
Le chemin à parcourir est encore long, mais nous avons franchi des étapes importantes. Nous l'avons fait grâce au dialogue et à la diplomatie multilatérale, mais aussi grâce à une diffusion scientifique de plus en plus large qui informe l'opinion publique et stimule sa participation. La participation de tous, à commencer par la jeune génération qui a donné un nouveau souffle à ces débats, est essentielle si nous voulons atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.
Parce que le défi de la santé de la Terre nous concerne tous, personnellement et directement.
Le changement climatique doit être combattu par des politiques environnementales équitables et durables.
Le nécessaire processus de transition énergétique peut s’avérer un véritable accélérateur d'une coopération technologique internationale renforcée, qui tienne compte des intérêts de tous et ne laisse personne de côté.
L'investissement nécessaire peut paraître important, mais le « retour » en termes de santé publique, d'emploi, de qualité de vie et de protection de l'environnement est - et sera - bien supérieur.
Atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 est une mission qui exige détermination et cohérence.
Elle nécessite des interventions ciblées à court terme, des changements significatifs des habitudes personnelles à moyen terme et des changements structurels importants à long terme. En contrepartie, cependant, elle offre de grandes opportunités en termes de croissance inclusive et durable ainsi que d'équité sociale et intergénérationnelle.
Si nous avons pu faire quelques progrès en matière de protection de l'environnement, un domaine où notre engagement commun doit encore prendre forme est celui de la gouvernance de la transition numérique.
Les nouveaux outils technologiques, de l'omniprésence des médias sociaux à l'avenir de l'informatique quantique, en passant par le domaine crucial de l'intelligence artificielle, conditionnent et modifient chaque jour, de manière cachée, le comportement de nos vies.
Les États individuels et les organismes internationaux s'efforcent d'appréhender et de réglementer des phénomènes de cette ampleur, afin de les rendre compatibles avec les objectifs du bien commun de chaque communauté.
Un vide réglementaire s'est ouvert, que la communauté internationale doit pouvoir combler au plus vite, au nom du droit des citoyens à la connaissance et à la transparence.
Les règles ne sauraient être dictées par la technologie : il est impératif de travailler à des applications qui indiquent clairement que le point de repère central est la personne et l’indispensable protection de ses droits.
Ce ne sont pas les algorithmes qui peuvent décider de notre exposition à l'information, influencer nos préférences, canaliser nos choix.
La technologie est un formidable outil à la disposition de l'homme. Le contraire ne saurait se produire.
Permettez-moi d'ajouter que je me réjouis de constater qu'au cours des sept dernières années, le nombre de femmes dans vos rangs a également augmenté.
Il s'agit d'une évolution très positive. Je suis profondément convaincu que la contribution des femmes dans nos sociétés est précieuse et qu'il est dans l'intérêt de tous qu'elle soit mieux valorisée.
Le monde a besoin de la contribution active et participative de tous.
Je pense aussi à la jeune génération.
Excellence Mgr le Doyen du Corps diplomatique,
Autorités,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Je voudrais consacrer une réflexion finale à l'Union européenne, contexte essentiel de l'action internationale de l'Italie et horizon de la prospérité que nous voulons construire pour notre continent.
En cette année 2021, l'Union a pu jouer un rôle décisif dans la coordination et le renforcement de la réponse commune à la pandémie et à ses graves conséquences économiques et sociales.
Le plan de relance Next Generation Eu, démonstration concrète et authentique de la solidarité entre les États membres, a également eu la force d'un catalyseur permettant au processus d'intégration continentale de faire un bond qualitatif en avant.
Dans les grands scénarios internationaux, la voix de l'Europe, avec sa vocation de paix, de stabilisation et de témoignage des valeurs de liberté, est essentielle.
Grâce aux instruments du programme Next Generation Eu, il sera possible d'acquérir une autonomie stratégique plus prononcée, cohérente et complémentaire dans le domaine de la défense avec l'Alliance atlantique, qu'il contribuera à renforcer.
L'Union pourra ainsi consolider son rôle positif au niveau international, à partir de son voisinage - de la Méditerranée à ses frontières orientales - en témoignant efficacement la solidité de ses valeurs, fondées sur le respect incontournable de la dignité de chaque personne et de chaque peuple, dans toutes les conditions.
L'Europe sera également en mesure de faire entendre sa voix sur la scène mondiale plus que ne l'ont fait jusqu'à présent ses membres individuels.
L'UE est génétiquement multilatérale et sa contribution la plus efficace sera sans aucun doute positive et décisive.
Excellence Mgr le Doyen du Corps diplomatique,
Autorités,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Je vous souhaite une année 2022 qui permette à nos peuples de tirer les leçons que nous avons apprises au cours de ces deux dernières années, pour un avenir meilleur.
La République italienne vous est reconnaissante pour l'amitié et la coopération que les pays que vous représentez nous expriment.
Dans cet esprit, je vous renouvelle mes meilleurs vœux pour les fêtes de Noël et de fin d'année.