Palais du Quirinal 14/06/2012

Déclaration à la presse du Président de la République Italienne Giorgio Napolitano à l'occasion de la recontre avec le Président de la République Française François Hollande

C'est avec un grand plaisir, au point de vue institutionnel et personnel, que j'ai accueilli aujourd'hui au Quirinal M. Hollande, en sa qualité de Président de la République française, un pays ami. Je connais François Hollande depuis longtemps, comme leader politique et comme européen convaincu; et tous deux avons toujours agi dans le plus grand esprit de collaboration entre les forces démocratiques de nos pays.

Il est aujourd'hui essentiel qu'à un moment crucial de son histoire, l'Europe puisse compter sur une vision commune et sur l'engagement solidaire de l'Italie et de la France. Lors de notre entretien, ainsi que durant celui qui l'a précédé au Palais Chigi avec le Président du Conseil, M. Mario Monti, on a souligné la nécessité de faire ressortir du Conseil européen, qui se tiendra à la fin du mois, la plus ferme et la plus concrète détermination à consolider l'irrenonçable conquête de l'Euro, afin d'ouvrir, sans hésitations fatales et sans délai, de nouvelles perspectives pour la relance de la croissance économique et la justice sociale, en lien étroit avec des disciplines budgétaires communes et le démarrage de l'union fiscale sur la base de l'accord à 25 récemment souscrit.

En même temps, nous avons pu échanger avec le Président Hollande des opinions significatives sur des questions à plus long terme qu'il faut affronter sur le plan politique et institutionnel pour garantir à l'Europe un avenir dans un monde qui a profondément changé.
Il y a plus de soixante ans, à Paris, nous prenions ensemble le chemin de l'intégration, en signant une Déclaration historique qui portait la marque de la vision créative de Jean Monnet et la clairvoyance politique de Robert Schumann. Et nous nous sommes rencontrés en d'autres moments fondamentaux pour la construction européenne, spécialement durant les années des batailles anticipatrices d'Altiero Spinelli et de l'action savante de François Mitterrand, homme d'État et grand protagoniste des évènements dramatiques de l'Europe du XIX siècle et, ensuite, du processus d'évolution tenace vers une Europe unie dans la démocratie et dans la paix. «L'Europe des cultures» - telle qu'il voulut la définir lors de son dernier discours devant le Parlament de Strasbourg - «contre celle des nationalismes», qui nous guettent à nouveau, il faut le dire, en ce temps de crise. Un temps durant lequel l'Italie et la France sauront encore une fois avancer dans la bonne direction.